En été, certains lisent des romans, moi je lis les journaux (en-dehors des vacances j'ai nettement moins de temps pour faire ça).
1) Le Figaro
Le Figaro du dimanche 1er août publie dans sa rubrique "Débats et opinions" un article de Bernard Debré (médecin, ancien ministre, élu récemment député de Paris malgré les embûches tendues par l'UMP - une rare victoire de la démocratie contre les politiciens de l'establishment).
Il est bien sûr au courant de la fin du monopole de la SS, mais il n'en parlera pas. En bon crypto-collectiviste de droite, il ne connaît que la "cohésion nationale", "basée sur la solidarité intergénérationnelle
(les retraites par répartition - fraude classique appelée "cavalerie" dans la Banque) et intragénérationnelle
(l'assurance-maladie, gouffre sans fond qui relègue les trous noirs au rang de plaisanterie spatio-temporelle)".
J'ai rarement lu un article aussi schizophrénique !! Bernard Debré est déchiré entre son soutien à la réforme de Doute-Blasé (solidarité politique oblige) et sa lucidité qui lui montre que cette réforme ne résout absolument rien.
Il approuve tous les points de la réforme, mais il écrit qu'elle n'est "que le début du commencement d'une véritable réforme", le déficit n'étant pas comblé, les gaspillages évités, les structures sociales changées. Sur ce dernier point il préconise de combattre le déclin de la natalité, de supprimer les 35 heures, et de coopérer avec les pays pauvres pour éviter l'immigration "sociale". Bref, comme d'habitude avec nos politiciens de droite, une once de libéral (supprimer les 35 heures) pour 99% de constructivisme étatique (politique familiale, politique de "coopération", politique de l'immigration, etc.).
Un avertissement prémonitoire : "dans 15 ans, en 2020, la France risque d'être secouée par une véritable révolution, celle menée par les jeunes générations qui refuseront de payer nos dettes, issues de notre égoïsme, de notre imprévoyance".
Bref, un article qui soulève les vrais problèmes, et apporte de fausses solutions. Outre qu'il ne s'écarte pas de la fixation bien franchouillarde sur la sacro-sainte Sécu ("notre médecine est une des meilleures du monde") et du non moins sacro-saint principe de la solidarité nationale, il a de plus le grave défaut d'encourager à l'apathie et à l'inaction. La ligne d'horizon de Debré, tout au long de son article, tant pour les retraites que pour l'assurance maladie, reste en effet fixée à 2020, date à laquelle il prévoit une "révolution populaire". Mais 2020 c'est très loin pour tout un chacun. Autant dire : "il y a bien un problème, mais rien ne presse". Après nous, le déluge !
2) Valeurs Actuelles
Dans Valeurs Actuelles n°3532 du 6 Août 2004, un article
ASSURANCE: Ce qui va changer, qui expose très bien, d'après moi, le contraste saisissant entre l'inanité de la réforme et l'habileté politique mise à la faire passer. Le même contraste qu'on peut trouver entre la beauté des palais qui abritent nos princes et l'idiotie des politiques que mènent ces mêmes princes.
« Cette réforme est celle de la dernière chance pour sauvegarder notre système de soins "à la française", prévient Philippe Douste-Blazy. Si, à terme, les comportements ne sont pas modifiés, nous serons sans doute contraints de mettre en place une franchise en fonction des revenus. »
En effet, la logique collectiviste ne peut mener qu'à ce genre d'aberration. On a déjà les cotisations proportionnelles au revenu, il ne manque plus que les remboursements inversement proportionnels au revenu ! En lisant ça, il est clair pour moi que tout le monde (sauf les divers assistés et profiteurs du système) a intérêt à quitter le système dès aujourd'hui.